POURQUOI LE MORSE ?
Vous l’avez vu dans des films, pratiqué par des marins en détresse, ou des espions. Vous en avez entendu parler, forcément. Mais vous ne savez pas ce que c’est, et on ne peut pas vous jeter la pierre, tant l’alphabet Morse n’a pas l’ombre du début d’une raison de faire irruption dans votre quotidien. Sauf si vous êtes un marin. Mais vous êtes surtout curieux, et cela tombe bien, car nous aussi. Laissez-nous donc tout vous raconter sur le Morse.
Le morse est un mammifère marin, mais l'appellation peut désigner plus largement toute sa famille, celle des Odobenidae, qui ne comprend par ailleurs que des taxons fossiles. Oups, pardon. Mauvais Morse.
Samuel Finley Breese Morse est un scientifique américain né le 27 avril 1791 à Charlestown (Massachusetts) et mort le 2 avril 1872 à New York. Homme de milles projets, Samuel, en 1825, fonde à New York la Société des beaux-arts (National Academy of Design) et devient son premier président pendant seize ans, avant quelques années plus tard, en 1829, de partir en voyage en Europe, pour trois ans en France et en Italie, pour y étudier les beaux-arts. C’est sur le chemin du retour, alors qu’il navigue sur le Sully, qu’il a une idée : celle d’un télégraphe électrique permettant d’avoir une conversation. Il s’inspire pour cela de l’électro-aimant, qui produit un champ magnétique lorsqu'il est alimenté par un courant électrique. Mais ne rentrons pas trop dans les détails techniques.
L’idée continue de faire son petit bout de chemin, et ce n’est que trois années plus tard, en 1835, qu’alors professeur de peinture et de sculpture à l'université de New York, il réalise enfin sa première maquette du télégraphe. Problème : réalisée avec des moyens insuffisants, elle n’est guère exploitable. Puis arrive l’année 1837. L’année où tout va changer. Tout d’abord, Samuel Morse décide de s’entourer de deux comparses. Leurs noms sont Leonard Gale, un professeur de science à l'université de New York et Alfred Lewis Vail, qui est en quelque sorte la main chargée de mettre en pratique les idées. Il est le bricoleur. Mais aussi, peut-être, le réel inventeur de cet alphabet, de ce code. C’est en effet lui qui qui trouve la technique du code composé de points et de barres, là où Morse se tournait vers l’idée d’une succession classique de chiffres et de lettres. C’est en visitant une imprimerie typographique que Vail comprit que certaines lettres étaient plus utilisées que d'autres et que le code devait privilégier les lettres les plus fréquentes. Morse a donné son nom au code, mais peut-être s’agit-il là d’une immense injustice.
Mais alors, concrètement, comment cela marche ? L’idée est simple : chaque lettre correspond à un signal, une succession de points et de traits. Et pour que l’utilisation soit simple, les caractères fréquents sont codés avec peu de signaux. Par exemple, la lettre E, très fréquente dans la langue anglaise, est codée par un simple point, le plus bref de tous les signes. Les 25 autres lettres sont toutes codées sur quatre signaux au maximum, les chiffres sur cinq signaux. Et voici l’alphabet :
L’alphabet
A • –
B – • • •
C – • – •
D – • •
E •
F • • – •
G – – •
H • • • •
I • •
J • – – –
K – • –
L • – • •
M – –
N – •
O – – –
P • – – •
Q – – • –
R • – •
S • • •
T –
U • • –
V • • • –
W • – –
X – • • –
Y – • – –
Z – – • •
Mais ensuite, comment transmettre ces signaux ? Il existe plusieurs techniques. Par une impulsion électrique à travers un câble télégraphique (c’est ce qu’on voit faire les équipes du Titanic dans le film du même nom pour signaler leur pépin), ou encore un signal visuel, comme par exemple un flash lumineux. Le code Morse était particulièrement utile comme moyen d’appel de secours en mer. Mais il a été officiellement abandonné en 1999, au profit du système satellitaire de sauvetage international, GMDSS (Global Maritime Distress and Safety System). Il n’empêche, en bord de mer, il reste très connu. Et tout particulièrement le signal de détresse, le SOS.
Au départ, le signal de détresse n’était pas le SOS, mais CQD. Proposé par Guglielmo Marconi (petit génie, longtemps considéré comme l’inventeur de la radio, Prix Nobel) et adopté en 1904, le « CQ » était un préfixe général demandant l'attention, suivi d'un « D » pour distress, détresse en français. Sauf que ce code ne durera que peu de temps. Très vite, c’est le code allemand qui est adopté, celui que nous connaissons tous aujourd’hui, le SOS. Des lettres qui ne signifient en fait rien, qui ne sont donc pas un acronyme, mais qui ont été choisies parce qu'il est facilement transmissible et reconnaissable, même si le receveur n’est pas un marin expérimenté. En 1908, le SOS devient donc la norme. L’une des toutes premières utilisations du SOS est aussi l’une des plus connues : il s’agit de celle des opérateurs radio du paquebot Titanic, après qu’il ait heurté un iceberg, le 14 avril 1912.