TESTEUR DE TOBOGGAN AQUATIQUE
Il pleut. C’est ainsi, et pas autrement. Vous ne pouvez rien y faire. Aujourd’hui, il pleut. Et ce sera pareil demain, après-demain, et encore après-demain, en tout cas à en croire Météo France, qui ne se trompe pas assez à votre goût en matière de prévisions. Il pleut, et vous ne pourrez donc vous rendre, comme prévu, à la piscine. Les enfants, forcément, sont tristes. Il faut dire que cette piscine, toute neuve, ils en ont beaucoup entendu parler. Elle est immense, à ce qu’il paraît. Il y a des bouées, des plongeoirs… Et même, un toboggan. Un grand toboggan aquatique. Mais ils ne le verront pas. Car il pleut. Et donc tout le monde boude devant la télévision.
Mais par pitié, arrêtez de tout voir en noir. Car il existe, sans que vous le sachiez forcément, des gens qui ont une vie bien plus difficile que la vôtre. Prenons par exemple ce fameux toboggan géant. Avant que vos enfants n’aient la possibilité de le descendre, quelqu’un l’a testé. Car oui, testeur de toboggan aquatique, c’est un métier. Un métier horrible. Vous ne nous croyez pas ? Alors lisez.
Nous sommes en 2013, et un jeune homme du nom de Tommy Lynch en a marre. Pendant quatre ans, il a testé des toboggans dans des stations de vacances et des parcs d’attraction. Sauf qu’après quatre années de bons et loyaux services, il a décidé de passer la main, et donc de diffuser une annonce pour trouver son remplaçant. Quoi ? Vous voulez dire qu’il existe réellement un travail rémunéré consistant à parcourir le monde pour aller essayer et ensuite donner une note à des toboggans aquatiques ? Oui, absolument. Mais non, ce n’est pas métier de rêve.
Désolé.
Tout d’abord, ce travail ne vous occupera que la moitié de l’année, durant six petits mois. Ces toboggans ne sont en effet pas ouverts au coeur de l’hiver (qui va se baigner en extérieur un 14 décembre ?), et le nombre de toboggans aquatiques dans le monde n’est pas illimité : Tommy ne testait en tout et pour tout qu’une vingtaine de descentes. C’est chouette, mais difficile de s’en contenter. Il vous faudra donc trouver un petit boulot de substitution. Et pour info, l’heureux élu britannique qui remporte le boulot empoche sur six mois quelques 12.300 euros.
L’heureux gagnant britannique ? Et oui ! First Choice, l’entreprise qui recrute, fait savoir que seuls les candidats de nationalité britannique peuvent postuler pour la fonction. Vous êtes anglais ? Bonne nouvelle alors : rendez-vous sur le site de la compagnie pour télécharger un petit film dont vous êtes le héros. Une courte vidéo (que vous devrez tourner vous-même, bonne chance) dans laquelle vous vantez vos propres mérites. Vous devrez vous mettre en avant, dire à quel point vous êtes génial (en espérant que cela soit le cas), etc… Puis, c’est à First Choice de faire son choix. Ensuite les candidats doivent prouver au jury qu’ils disposent des qualités nécessaires au métier de testeur de toboggan. Comme ? Il faut être fou de parcs aquatiques, aimer voyager, être à l’aise en maillot de bain et être heureux d’aller au travail (pas nécessairement dans cet ordre). C’était le cas de Seb Smith, qui pendant six mois, a parcouru le monde (Majorque, Tunisie, Egypte et Jamaïque) pour tester vingt Splash World (des parcs à thème aquatique). Il a ensuite donné ses impressions sur Facebook, Twitter et Instagram.
Vous avez le boulot ? Super ! Que vous reste-t-il à faire ? Le magazine Neon a rencontré Seb Smith : “il devait donc évaluer les toboggans selon des critères bien précis, comme le « plus gros splash » et le « facteur d’adrénaline ». Puis il devait partager ses impressions sur les réseaux sociaux et écrire un rapport où il rendait compte des éventuels risques pour la sécurité, des points à améliorer, comme par exemple, comment faire de meilleures glissades, etc... Si le job vous tente, sachez que pour être testeur de toboggans aquatiques, aucun diplôme ni aucune formation ne sont requis. On apprend sur le tas !”.
Récapitulons : le métier de testeur de toboggan aquatique est un métier unique en son genre, certes. Mais difficile d’imaginer le moindre débouché là-dedans. De plus, il ne s’agit pas d’un métier qui vous permettra, financièrement, de voir venir. Pas un souci ? Ok, mais alors ajoutez à cela que vous passerez votre vie en slip, que vous aurez sans cesse des coups de soleil, que vous serez tout le temps mouillé, que vous ne serez jamais chez vous (sauf l’hiver), et que vous devrez le plus sérieusement du monde préparer pour vos patrons un petit Power Point expliquant clairement pour “le virage numéro 3 du toboggan, selon moi, ne présente pas assez de sensations fortes et je pense que cela est clairement un handicap pour l’entreprise”. Bonne nouvelle : les réunions, elles, ne se feront pas en slip de bain.
Alors, par pitié, arrêtez de vous plaindre : vous pourriez être testeur professionnel de toboggan aquatique. Un métier bien moins sympa qu’il n’y paraît.